Nous avons évoqué l’article paru la semaine dernière dans le patriote Côte d’Azur, dans lequel je racontais l’espoir qu’avait provoqué en moi notre rencontre avec l’Association des Combattants pour la Paix. Abed nous dit qu’il n’a pas beaucoup d’empathie pour ce mouvement. Qu’il trouve déplacé que le plus souvent en occident lorsqu’on donne la parole à un palestinien il faille qu’un israélien soit présent comme pour valider sa présence. Il nous dit que le logo de cette association est déjà une erreur : Deux combattants lâchant leur arme pour se serrer la poigne. Il dit qu’il n’y a pas d’armée palestinienne, mais qu’il y a une armée d’occupation et qu’afficher ce type de logo c’est renvoyer palestiniens et israéliens sur le même plan. Il nous dit qu’il conçoit que des israéliens militent en Israël pour la fin de l’occupation. Il dit que c’est très bien, qu’ils doivent se battre pour faire tomber leurs gouvernements sionistes et leurs politiques, mais que tant qu’ils n’y seront pas parvenus la résistance palestinienne est légitime et nécessaire. Lui-même a mis en place une série d’actions rassemblées sous le terme de « Beautiful resistance ». Ces actions rassemblent des enfants autour d’activités liées à la culture et à l’éducation.
Abed est un ami.
Abed est docteur en biologie.
Abed donne sa vie aux enfants du camp de réfugiés.
Abed écrit aussi des poèmes, des pièces de théâtre.
Abed n’est pas un adepte de la mort et de la violence.
Abed demande à être reconnu comme palestinien engagé dans une lutte légitime.
Il demande que cette légitimité ne soit pas conditionnée par la présence d’un israélien chaque fois qu’il a l’occasion de s’exprimer.
Je ne souhaite pas revenir sur ce que j’écrivais la semaine dernière à propos de Combattants pour la Paix. Mais à force de venir à la rencontre du peuple palestinien, à force de voir comment les médias de masse traitent la question, à force de me confronter, en France, à de pseudo-pacifistes aveuglés, ethno-centrés… j’avoue chercher tous les signaux qui puissent susciter l’espoir d’une paix juste, en oubliant parfois que la paix se fait d’abord entre ennemis. Des amis ne se font pas la guerre ; Des amis n’ont pas besoin de trouver les moyens de faire la paix.
L’autre jour, avant d’aller au spectacle d’El Funoun, j’étais las. Je me disais que je n’avais pas envie de prendre un taxi,
De passer un cheik point,
De prendre un bus,
De prendre un autre bus,
De passer un autre cheik point,
Et de finir avec un autre taxi encore,
Tout ça pour faire un trajet qui ne devrait prendre qu’un quart d’heure si la situation était normale.
Et d’avoir à le faire de nouveau au retour.
J’étais fatigué.
Ça fait à peine dix jours que je subi ce système d’Apartheïd et je suis las. Ça ne fait pas toute une vie.
Comment ne pas comprendre alors que cette lassitude devienne de la colère, quand on vit cette situation depuis sa naissance.
En fin de soirée, nos discussions ont glissé vers la question de la montée de l’islamophobie et de l’antisémitisme en France. Certains ont cherché à donner une échelle d’importance, à comparer, à quantifier…
Je suis mal à l’aise.
Ma famille est au carrefour de l’humanité.
Ma famille, mon sang !
Dans ma famille,
Il ya ceux qui croient dans le ciel,
Qui prient à l’église,
Qui prient au temple,
À la synagogue,
À la mosquée,
Il y a ceux qui croient en la matière,
En l’existence,
En l’Homme.
Mon sang mon fils ma fille !
Je ne participerai à aucune classification !
Je vais me coucher…
Mal à l’aise…