Diner chez Abdel Fatah Abou Srour

photo : Olivier Baudoin

25.07.10

Hier soir, nous avons dîné avec notre ami Abdel Fatah Abou Srour. Emilie et moi l’avions rencontré dès 2002. Abed s’occupe du Centre culturel Al rowwad dans le camp de réfugiés d’Aïda.
C’est un espace socio-culturel qui en dix ans a réussi à susciter l’intérêt de toute une partie du mouvement de la solidarité internationale. En 2007, lors de la tournée de « l’Arbre à Palabres » en Palestine, nous collaborions avec la société des Amis d’Al Rowwad basée à Paris.

Nous avons évoqué l’article paru la semaine dernière dans le patriote Côte d’Azur, dans lequel je racontais l’espoir qu’avait provoqué en moi notre rencontre avec l’Association des Combattants pour la Paix. Abed nous dit qu’il n’a pas beaucoup d’empathie pour ce mouvement. Qu’il trouve déplacé que le plus souvent en occident lorsqu’on donne la parole à un palestinien il faille qu’un israélien soit présent comme pour valider sa présence. Il nous dit que le logo de cette association est déjà une erreur : Deux combattants lâchant leur arme pour se serrer la poigne. Il dit qu’il n’y a pas d’armée palestinienne, mais qu’il y a une armée d’occupation et qu’afficher ce type de logo c’est renvoyer palestiniens et israéliens sur le même plan. Il nous dit qu’il conçoit que des israéliens militent en Israël pour la fin de l’occupation. Il dit que c’est très bien, qu’ils doivent se battre pour faire tomber leurs gouvernements sionistes et leurs politiques, mais que tant qu’ils n’y seront pas parvenus la résistance palestinienne est légitime et nécessaire. Lui-même a mis en place une série d’actions rassemblées sous le terme de « Beautiful resistance ». Ces actions rassemblent des enfants autour d’activités liées à la culture et à l’éducation.
Abed est un ami.
Abed est docteur en biologie.
Abed donne sa vie aux enfants du camp de réfugiés.
Abed écrit aussi des poèmes, des pièces de théâtre.
Abed n’est pas un adepte de la mort et de la violence.
Abed demande à être reconnu comme palestinien engagé dans une lutte légitime.
Il demande que cette légitimité ne soit pas conditionnée par la présence d’un israélien chaque fois qu’il a l’occasion de s’exprimer.

Je ne souhaite pas revenir sur ce que j’écrivais la semaine dernière à propos de Combattants pour la Paix. Mais à force de venir à la rencontre du peuple palestinien, à force de voir comment les médias de masse traitent la question, à force de me confronter, en France, à de pseudo-pacifistes aveuglés, ethno-centrés… j’avoue chercher tous les signaux qui puissent susciter l’espoir d’une paix juste, en oubliant parfois que la paix se fait d’abord entre ennemis. Des amis ne se font pas la guerre ; Des amis n’ont pas besoin de trouver les moyens de faire la paix.

L’autre jour, avant d’aller au spectacle d’El Funoun, j’étais las. Je me disais que je n’avais pas envie de prendre un taxi,
De passer un cheik point,
De prendre un bus,
De prendre un autre bus,
De passer un autre cheik point,
Et de finir avec un autre taxi encore,
Tout ça pour faire un trajet qui ne devrait prendre qu’un quart d’heure si la situation était normale.
Et d’avoir à le faire de nouveau au retour.
J’étais fatigué.
Ça fait à peine dix jours que je subi ce système d’Apartheïd et je suis las. Ça ne fait pas toute une vie.
Comment ne pas comprendre alors que cette lassitude devienne de la colère, quand on vit cette situation depuis sa naissance.

En fin de soirée, nos discussions ont glissé vers la question de la montée de l’islamophobie et de l’antisémitisme en France. Certains ont cherché à donner une échelle d’importance, à comparer, à quantifier…
Je suis mal à l’aise.

Ma famille est au carrefour de l’humanité.
Ma famille, mon sang !
Dans ma famille,
Il ya ceux qui croient dans le ciel,
Qui prient à l’église,
Qui prient au temple,
À la synagogue,
À la mosquée,
Il y a ceux qui croient en la matière,
En l’existence,
En l’Homme.
Mon sang mon fils ma fille !

Je ne participerai à aucune classification !
Je vais me coucher…
Mal à l’aise…

Emilien Urbach

Farines


Hier nous avons discuté (en français) avec un palestinien il s’appelle Abed. Il est directeur d’un théâtre à Aïda Camp à côté de Beit Lehem., tout près du cheick point. Ce « Camp » a été créé en 48 lors de la « Nakba ».


Chacun sa « catastrophe » la Shoa pour les Juifs, la Nakba pour les Palestiniens.


Ici a été regroupés en 48, une partie des personnes chassées par les Israéliens à la création de leur nouvel Etat.


On trouve dans les rues d’Aïda Camp, sur des murs, des fresques des villages détruits. Des « We will return » un peu partout.

Ce lieu est entouré d’un mur bien réel de 12 mètres de haut qui serpente. On dirait un monstre endormi.

C’est à cet endroit que devait être accueilli le Pape. Un théâtre en plein air a été construit ici, au pied du mur. On y lit un « Pope welcome in Palestine ».


Le Pape n’est jamais venu. Il a cédé à la pression. Ici montrer les horreurs faites par l’Etat Israélien est assimilé à de l’antisémitisme. Un coup de projecteur médiatique sur ce lieu : Non. ! Israël n’est pas d’accord.

Je trouve qu’Israël joue avec de biens sinistres cordes.

Etre contre Israël n’est pas de l’antisémitisme, NON !


Abed nous raconte l’histoire des Juifs Palestiniens (ils vivaient ici depuis des lustres, bien avant la Nakba) partis en 48/49. Ils étaient farouchement contre la création d’un Etat Israélien. Ils se sont exilés aux 4 coins du monde en laissant leurs terres au Palestiniens musulmans et pas aux Israéliens. « Très antisémites ces juifs … »


Abed ne veut pas travailler avec des Israéliens. « Ici » ils contrôlent tout. Il veut être libre.

Il est isolé, il ne veut pas entrer dans le jeu des différents partis politiques Palestiniens. Il est indépendant, il est courageux, il le paye. C’est universel ça.


Il résiste avec l’art.


- Dans son centre on trouve une salle informatique bien équipée. Chaque PC est équipé d’un onduleur (batterie autonome) les coupures de courant sont fréquentes.

- Une salle multimédia et vidéo.

- Une salle de musique équipée de nombreux instruments.

- Une bibliothèque, l’odeur des livres est la même partout.

- Une ludothèque pour les petits.

- Un espace réservé aux femmes avec salle de gym.

- Des expos photos, faites par les participants aux ateliers.

- ….


Ce lieu ressemble à une MJC française.


Il accueille régulièrement des internationaux.

Le centre a des difficultés. Les financements baissent, l’avenir est incertain.


Ca ressemble vraiment à une MJC …

On va sûrement travailler avec lui.


Il faut trouver des financements français pour organiser des ateliers avec des enfants. Pour organiser une rencontre avec des artistes locaux et des financements pour le projet de chapiteau. Les populations sont bloquées par le mur, alors une des solutions proposée par Sîn est de faire une scène ambulante pour déplacer la culture.

Pour aider à conserver du lien entre les Palestiniens.


Lundi on va à Tel Aviv. On dormira chez un copain Israélien. Mardi c’est le retour vers la France.


On va enregistrer le témoignage d’Omer. Il a été victime du conflit, mais du côté Israélien.


On va aussi rencontrer Jonathan pour parler un peu de tout. Normalement on dort chez lui lundi soir.

Avec tout ce que je suis en train d’écrire il ne va pas nous héberger …


Ce mur en béton pourrit la vie des Palestiniens. Mais un jour il tombera, bien avant tous les murs-humains-symboliques.


Un humain-idiot-mur est en train de se construire. Des bateaux sont affrétés pour la bande de Gaza. Les Israéliens veulent les bloquer, les Iraniens veulent les protéger. Un beau merdier est en train de se préparer dans « ma mer », la Méditerranée.


Les Turques se fâchent, les Iraniens sortent les dents, les Israéliens sortent les griffes. L’Onu proteste. Les Européens crient « au scandale », les Américains hésitent, les chinois vendent leurs produits pas chers, les arabes vendent leur pétrole de merde au Européens, Américains, Chinois.


Et pendant ce temps les Palestiniens crèvent, disparaissent, on les oublie !


Plus on s’agite, plus on les oublie.


C’est pas des pauvres, il n’ont pas besoin de notre secours, de notre ciment, de nos médicaments. Tout ça c’est des prétextes de « biens pensants ». Si on leur laisse la paix ils se débrouillent très bien.


Les Israéliens et les Palestiniens sont condamnés à s’entendre. Ou plutôt les juifs, les musulmans, les chrétiens, les athées, les laïcs …


Le mal est fait, si on chasse les Palestiniens où iront-ils, si on chasse les Israéliens, même question, ils n’ont plus de terre.


De mon point de vue il y a deux options : la réconciliation ou le bain se sang.


Les bateaux, c’est le choix de la radicalisation, du bain de sang.

La reprise des colonisations juives en Palestine dès septembre 2010, c’est le même choix, celui du bain de sang.


Aujourd’hui, j’ai montré à Naheel (la femme qui nous accueille), comment faire du pain français. Elle a du monter ses manches pour pétrir le pain. Ce n’est pas un acte banal pour une Musulmane. Hier soir on a mangé chez elle, c’était très bon.


Tout ça se fait en douceur, avec respect et écoute.


C’est pas si compliqué.

Mais comme ça n’a pas suffit, demain on fait des crêpes ensemble !


Photo et texte : Olivier Baudoin

incursion au coeur de la matière

24.07.10

Bientôt la fin du séjour.

Le temps des questions est là. Il y a les questions inutiles et les questions nécessaires. J’ai du mal à faire le tri. C’est difficile.

Un journaliste écrivait à propos d’un autre de mes projets d’écriture : « La démarche n’est pas politique. C’est une incursion au cœur de la matière ». J’aime cette idée. Ici, en Palestine, avoir une démarche simplement politique reviendrait à m’engager dans un mouvement de solidarité sans me poser plus de questions. Je l’ai fait. Je continue de la faire. S’immiscer « au cœur de la matière » entraine une plus-value de questions.

Avant-hier soir, avec Olivier et Emilie, nous avons eu une longue discussion. Peut-être de celles que Mahmoud Darwish nommait « les conversations brillantes ». J’ai l’impression de me poser les mêmes questions qu’il y a huit ans, au retour de notre premier séjour. C’est bien. La présence d’Olivier et Lisie aura permis cela.

En France, il y a une idée commune liée au postulat pacifiste. La guerre serait le fruit du fanatisme conjugué d’extrémistes agissant tant en Israël qu’en Palestine. Il devrait suffire de considérer que des deux côté des gens souffrent et que « la guerre c’est pas bien » pour qu’un conflit de plus de 60 ans d’âge finisse enfin. La réalité est bien sûr différente. Si je dis maintenant, il y a un peuple qui souffre et une armée qui opprime, on dira que je suis partisan, que je ne reconnais pas l’humanité de celui que je juge comme oppresseur. Mais il faut vivre ce que l’on vit ici pour commencer à comprendre.

Le nœud est là. Comment prendre en compte l’état d’esprit des publics occidentaux lors de l’écriture de notre pièce de théâtre pour qu’ils sentent, comprennent, imaginent la complexité de la réalité ici ?

Le spectacle « Témoignages, compte-rendu théâtral de séjours en Palestine » tourne en France en grande partie grâce aux réseaux de la solidarité internationale : Association France-palestine Solidarité, CCiPPP, PCF… Et donc, lors de ses représentations nous jouons devant des personnes convaincues de l’injustice qui se trame ici. Comment toucher un public plus large ; un simple public de théâtre ; en faisant en sorte qu’il ne puisse se dire : « Ouais, c’est touchant mais c’est sans doute orienté, voir même exagéré » ?

La réponse pourrait être de créer quelque chose qui s’appuie sur l’idée que les peuples israéliens et palestiniens souffrent pareillement de l’absurdité de la situation et que « la guerre c’est mal ». Aujourd’hui, nous pourrions sans trop de difficultés parvenir à concevoir une forme artistique qui réunisse des artistes palestiniens et israéliens. Ainsi, le message serait parfait pour la « bien-pensance » occidentale. Mais nous ne ferions qu’éviter l’affrontement avec la complexité de la réalité.

Ce dont on se rend compte ici, c’est que ce serait beaucoup plus simple pour un artiste israélien de faire un pas dans ce sens que pour un artiste palestinien. Ce serait même « sexy », comme on dit à Paris. Pour les artistes palestiniens que nous rencontrons la question est embarrassante, voir même déplacée. Et pour nous ce serait tellement simple. De plus, les démarches des artistes israéliens sont plus proches de nos pratiques occidentales : « écritures du réel », « nouvelles technologies », « utilisations de médias en temps réel »… Alors qu’en Palestine nous assistons le plus souvent à des pratiques folkloriques, parfois au summum du kitch. Alors, si on ne fait que survoler la question la « bien-pensance » occidentale prend le dessus.

Nous voulons faire autre chose. Nous avons deux objectifs. A courts termes, nous souhaitons utiliser la danse et le théâtre comme médias qui par l’intermédiaire de nouvelles technologies transcendent le mur et permettent une communication entre chaque côté. De chaque côté du mur il y a des palestiniens. Le mur de béton ne sépare pas Israël et la Palestine. Il scinde la Palestine. Israël n’est pas de l’autre côté du mur. Israël construit le mur.

A plus longs termes, nous souhaitons écrire un spectacle dédié à l’espace public. Celui-ci doit rendre compte de témoignages récoltés sur place et de notre vécu : Donner à voir les différentes strates qui constituent le mur. La strate de béton, la strate administrative, la strate humaine, religieuse, culturelle, les strates stigmatisantes, médiatiques…

Quand on se trouve à l’intérieur des « prison-villes », on peut voir dessinées et écrites sur le mur toute sorte de choses. Des messages de paix, des messages de haine, de vrais actes artistiques et des gribouillages. Le plus souvent ces « graffitis » sont le fait d’étrangers. Ce mur doit-il devenir une galerie d’art internationale à ciel ouvert ?

Bah ! Je tourne en rond. Il faut que tout ça décante.

J’ai envie de me poser, de me reposer. Le lieu n’est pas propice. J’ai envie de me poser et de me laisser aller à la construction d’images, de scènes, de modes de projection, de types de rapport aux publics. J’ai envie, mais ici je n’y parviens pas.

Hier soir, nous avons assisté à une représentation du groupe de danse folklorique El Funoun, à Ramallah. Plus d’un millier de personnes réunies pour y assister. Il s’agissait en grande partie de la bourgeoisie palestinienne. A l’entrée, des hôtesses d’accueil distribuaient des documents édités par une association de défense des droits de l’homme à propos des prisonniers politiques palestiniens en Israël.

Les propositions dansées pouvaient s’apparenter à des fresques dignes des plus grands moments du « réalisme socialiste » en URSS. Des costumes folkloriques. Des torses bombés. Des fusils en toc. Des musiques pleines de basses et de réverb. Les quelques propositions plus contemporaines avaient du mal à se défaire de la lourdeur d’un ensemble sur-joué.

Tout ça n’empêchait pas d’entrevoir les qualités techniques de la plupart des danseurs et surtout donnait l’occasion d’exister à un réel temps de communion. Le public était en liesse. Un vrai beau contraste avec l’ambiance du quotidien en territoires occupés.

En rentrant, nous avons passé le cheik point de Kalandia. L’un des plus fameux en Palestine. C’est la première fois que je le passais à pieds depuis plusieurs années. Il a subi les mêmes transformations que celui de Bethléem. Le béton et la rationalisation ont remplacé les fils barbelés et les taules. Nous nous retrouvons dans un des multiples corridors qui le constituent. Parqués avec une cinquantaine de palestiniens. Nous passons trois par trois en montrant nos passeports à des soldats au féminin.

Une des palestinienne qui nous accompagne à un passeport américain. Aux États-Unis, elle fait des études en commerce international. Après le cheik point, elle nous dégote un taxi trois fois moins cher que si nous nous étions débrouillés seuls. Merci.

En rentrant nous longeons le mur qui emprisonne la commune d’Al-Ram. Je pense à notre ami Suheil Abu Saliba, qui nous avait accueillis en 2002 et qui vit à l’intérieur. Je n’irai pas l’embrasser cette année, faute de temps. Salut à toi l’ami !

Emilien Urbach

Photo : O. Baudoin

Noirs et Blancs


Je vois mes copains, Mimi et Mimil, venus ici depuis des années, troublés, blessés.


Mimi pleure,

Mimil fait des cauchemars. .


J’ai la sensation de distances inattendues entre eux et leurs amis locaux. Comme si ce mur était entouré de fossés invisibles de plus en plus grands.


Ca fait 10 jours que l’on est là.


Hier soir à 23h on est revenus de Ramallah. D’habitude au check point de Kalandia (à la sortie de Ramallah), on est traités en touristes. Les Arabes sortent du bus, ils passent le barrage à pieds et ils récupèrent un bus (le même ou un autre) de « l’autre côté ». Nous pendant ce temps on reste assis à nos places (on est Européens) et un « humain-M16 », nous contrôle, vérifie notre visa, nous demande pourquoi il y a tant de Français « ici ». Toujours les mêmes regards méprisants, jamais de « Shalom » ou de « Hi » ou de « Hello ». On est polis, mais jamais de réponse. On reçoit toujours le même regard. Toujours la sensation de gamins manipulés, avec une mission trop grande pour eux. Ils ne peuvent pas être proches. Eux aussi se construisent des murs autour d’eux. Leur gueule est aussi méprisante que le mur en « béton-vibré-armé » qu’ils gardent consciencieusement.


Donc ce soir à 23h le bus ne franchira pas Kalendia. On subira nous aussi le traitement des Arabes. On passera à pieds. Et là comme d’habitude, attente, tourniquets anti-retours, guérites, M16, regards, fouille, passeports, visas. Beaucoup d’hommes, un enfant avec son père, il a de beaux yeux verts. Il a sûrement le même âge que l’un de mes 4 enfants. Cet « humain-arabes » est comme moi, il s’occupe de ses enfants. J’ai vu beaucoup de papas s’occuper de leurs enfants en Palestine. Un cliché du machisme qui s’écroule. Les hommes arabes s’occupent de leurs enfants. Une Américo-Palestinienne jeune, sympa, jolie, nous aide, nous guide, elle nous négocie un taxi pas cher pour rentrer à Bethléem. Ce genre « d’apparitions » font du bien. Elle a un très beau sourire. Elle parle parfaitement les deux langues (arabe et anglais) elle vie aux USA. Mais comme tous les Palestiniens, quand je la remercie elle me réponds « you welcome », un réflexe.


Les murs grandissent, les fossés se creusent.


Je joue à penser au retour d’homo erectus à Terra-Amata, à Nice. Ils revendiqueraient ce quartier de Nice comme étant la terre de leur peuple. Ce serait « ici » que serait né leur Dieu.


On refuserait de les accueillir.


Ils détruiraient d’abord le musée Terra Amata, puis le quartier, se créeraient un couloir jusqu’à la mer (depuis 500 000 ans elle a reculé). Puis ils détruiraient l’école où je suis allé (l’école Terra Amata). Ils seraient soutenus pas les états unis (il y a beaucoup d’homos erectus là-bas). Je voudrais trouver une solution pour tous les habitants de ce quartier de Nice. Certains deviendraient violents, ça me ferait chier. Mais en même temps je les comprendrait.


Je serais très fâché que l’on détruise mon école et l’immeuble où j’ai grandi.


On atteindrait le point de non retour.


Un artiste Homo Sapiens sapiens viendrait me proposer de transender le mur que je subis, il me dirait qu’il faut se comprendre. Que c’est bien de se comprendre, c’est nécessaire.


Voilà, je suis un Homo Sapiens sapiens. Et ça me déplait.


Je n’ai pas envie de faire une « performance » autour du mur et de repartir, fier de moi. En laissant les Israéliens et les Palestiniens dans leur merde.

Ce que je peux faire « ici » c’est ce que je fais chez moi, c’est partager, en me mettant à égalité.

Maintenant le français libre de ses mouvements et riche que je suis (ça me fais bizarre d’être riche …) doit chercher en lui les points d’égalité avec un Israélien ou un Palestinien.

Que relie un humain qui vit dans un pays en paix, avec un occupant et un occupé ?


Je refuse le terme de « démocratie en guerre ».


Il n’y à pas de guerre, il y a un oppresseur et un oppressé.


Je refuse le terme de « démocratie » un régime démocratique n’est qu’une recherche de démocratie. Je pense la même chose de la France.


J’avait 1 000 questions en partant, le départ approche et j’en ai 10 000 !


Texte et photo : Olivier Baudoin