Les lieux saints de Jérusalem

photos : Olivier Baudoin

14.07.2010

Je suis à Jérusalem, j’ai du mal à y croire. Cela semble si naturel d’être là. Peu de sommeil donne une vision parcellaire de ces moments. Et paradoxalement, également une acuité, une sensibilité aux gens, aux odeurs, aux bruits, à la lumière.
Des rues de la vieille ville, je n’en ai pas encore vu beaucoup.
Nous sommes touristes et ce statut me gêne un peu.
J’ai vu la station 7 du chemin de croix du Christ. Des pèlerins priaient m’a dit Olivier. Je ne les ai pas vu. J’imagine. Mais n’est ce pas ça Jérusalem, une ville qu’on imagine ?

Je suis dans le café de l’auberge de jeunesse où je n’ai pas réussi à dormir. J’écoutai les cloches et les ronflements de mes copains de chambrée.
Je suis à Jérusalem, en Israël, en Palestine.
On est dans ce café. On communique avec le monde via FB, SMS, MMS.
On rassure.
Oui nous sommes bien arrivés à Jérusalem et tout va bien.

Pendant un court moment à l’aéroport de Nice, il y a eu ce sentiment qui m’a étreint : La peur, le recul, l’appréhension.
Là avec la fatigue, tout disparait.
Ballade dans les rues de la vieille ville.

Toucher la stèle qui reçut le corps du Christ.
Touchant, émouvant toutes ces intimités ;
Je suis allé mettre ma main sur la stèle juste pour sentir l’énergie dégagée par les fidèles. C’est intense. C’est beau. Des personnes caressaient la pierre puis leur visage. Une toilette à la source du divin. Simple, humble, sincère.

Le mur des lamentations. Côté femmes.
Ces femmes amassées devant le mur prient, debout ou assises sur des chaises.
Les corps se balancent d’avant en arrière. Les prières sortent des bouchent et se logent dans les fissures en même temps que les bouts de papiers. C’est un mur qui accueille, qui porte en lui les âmes.
Entre deux de ces femmes, le front appuyé contre le mur, les yeux fermés, je les entends parler en hébreux. Je ne comprends pas leur langue mais je comprends leurs prières.

La guerre des papiers.

Certaines femmes insèrent leur papier et adroitement font tomber les précédents laissés par d’autres femmes.
Ces papiers, ces morceaux d’âmes, sont presque instantanément ramassés par un balayeur. Les prières finissent à la poubelle.

En tant que non-musulmane je n’ai pas pu entrer sur l’esplanade des mosquées. Emilien, convertit musulman mais pas assez apparemment, n’a pas pu entrer non plus.
On voit un morceau d’al Aqsa depuis les toits du quartier arménien, quartier juif orthodoxe, tout en haut de Jérusalem.

Deux juifs munis de talkie-walkies escortent une petite fille dans les rues du quartier arabe. Les deux juifs sont des adolescents. Nous suivons de quelques pas. Des gosses arabes nous demandent : « Where are you going ?
- We go up.
- It’s close, go there !
Nous ne les écoutons pas.
Des gamins de huit à neuf ans s’improvisent gardien de check-point.

Nous partons en bus climatisé à Bethléem. Nous voyons les nouvelles constructions israéliennes. Elles sont massives, tranchent avec le paysage. Le bus nous laisse au Check point. Il est spacieux, très propre avec des panneaux « please keep clean this area ». Nous faisons la queue pour présenter nos passeports, les palestiniens eux présentent leur main à une machine.
Nous passons un tourniquet, puis un deuxième, un corridor étroit, un troisième tourniquet et un chemin en plusieurs « S ». Je ne suis pas sure de l’ordre du périple.

Nous sommes à Bethléem, la ville ceinturée.
Le mur est là. Présent, omniscient comme sur les photos que j’avais vues. Mais ça n’a rien à voir avec la réalité. Etre devant ce mur, le côtoyer, peut-être même le tutoyer avant la fin du séjour. Nous prenons un taxi.
On voit sur le mur différentes expériences plastiques qui ont fait le tour du monde, dont le travail de JR. Les images sont encore là, recouvertes par endroit par d’autres œuvres.
Il y a des mots.
Partout ce mur hurle PAIX / PEACE.

Cela ne fait que 16h00 que nous sommes arrivés.

Lisie Philip

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