Rencontre avec des amis à Beit Jala et avec le Mur à Aïda

photo : Emilie Pirdas


15.7.2010

Jour 2

Nous sommes hébergés dans un grand appartement à Doha.

Nous nous sommes couchés à minuit après avoir discuté, mangé, discuté et bu. Olivier était allé se coucher très tôt, il n’a pas partagé ce moment avec nous.

Nous nous sommes levés à 9h, douche rapide à l’eau froide (il n’y a pas d’eau chaude)

Emilie et Emilien passent des coups de fil pour organiser les rdv de la semaine.

Aujourd’hui nous rencontrons Georges, Raéda et Issam du Al-Harah Théâtre de Béthléem.

La Cie Sîn a déjà travaillé avec eux sur d’autres projets. Nous parlons du projet et cherchons ensemble comment y travailler ensemble. Myriam passe dans le bureau ; Elle parle français, elle a appris à l’école St Joseph. Maintenant, on y enseigne l’allemand et l’italien car ce sont les gouvernements allemand et italien qui financent l’école.

Guerre des langues ?

Emilie, Olivier, Issam et moi allons chercher à manger. Du poulet grillé sur un barbecue sur le trottoir. Ca sent bon dans toute la rue, il est plus de 14h et ça nous donne faim. Pendant les 20 minutes d’attente, nous traversons la rue. Olivier prend des photos.

Le MUR est en construction. Les ouvriers s’activent, les camions déversent leur chargement de gravats. Le chantier est à quelques mètres des maisons palestiennes. Le MUR semble posé là comme une sorte de légo que l’on pourrait retirer avec une évidente simplicité. Mais non, la construction est bien solide, bien ancrée, bien présente.

Sur une colline, des maisons Israéliennes certains appellent ça des colonies, settlements en anglais. C’est vaste. Je compte environ 5 étages aux bâtiments. C’est très carré, là aussi cela ressemble à un jeu de construction. Des cubes bien empilés.

Mais ce n’est pas un jeu.

Les images que je vois d’habitude à la télévision montre plutôt des préfabriqués avec quelques habitants jusqu’auboutistes, voir caricaturaux.

Ce que je vois là c’est une ville, not a village, not a town ; I see a city.

Un Palestinien me dit qu’il ya des maisons à quelques kilomètres d’ici coupées en deux par le MUR.

J’ai du mal à imaginer.

Il y a des check point où la porte ne s’ouvre que 5mn le matin et 5 mn le soir. Si tu n’es pas devant la porte, elle ne t’attend pas. Elle se ferme. Si tu as besoin d’un docteur en urgence la porte ne s’ouvre pas. Je ne peux pas imaginer.

Je demande s’il y a plus d’ouvriers palestiniens ou plus d’ouvriers israéliens. On me répond qu’il y a peu de palestinien mais quelques-uns.

On va chercher notre poulet mais j’ai moins faim.

On achète du vin à l’épicerie, il y a des militaires palestiniens juste à côté.

On mange, le vin – français- n’est vraiment pas bon. Il doit être dans la boutique depuis Arafat .

Au théâtre Al Harah nous rencontrons une française. C’est drôle comme à l’étranger on se reconnait par nationalité. Elle est comédienne et vit en Italie. Elle donne des ateliers de théâtre aux enfants.

J’écoute une conversation entre elle et un comédien palestinien :

« I tried a lot of palestinian girlfriend but it’s not good. I have strange ideas for the rest of society. I want a girl accept each other. So I have a French girlfriend in Bordeaux.”

Nous partons à présent pour le camp d’Aïda. Dès que nous sortons du taxi des gamins nous demandent de l’argent. Nous ne donnons rien à part des sourires. On descend les rues. Les maisons sont misérables, détruites par endroit. D’autres sont en reconstruction. Emilien me dit que le camp a été régulièrement détruit puis reconstruit par l’ONU. Au début, c’était des tentes. Puis de petites maisons de plain-pied auxquelles ont été rajouté plus tard un étage puis deux.

Un étage par génération ?

On croise des graf’ sur le mur rappelant le nom des villes palestiennes disparues ou remplacés par des territoires Israéliens. 27. On descend encore.

Il y a le MUR.

Aussi grand qu’hier. Il n’a pas bougé, il est toujours là. Graffé par des artistes ou militants du monde entier ; Nous arrivons à un théâtre en plein air au pied du MUR. Il ya des enfants, quelques adultes. Ce sont les préparatifs pour demain 19h. Il y a un spectacle de danse. Le théâtre ferme. Nous continuons à longer le MUR. Emilie pleure, c’est trop grand pour elle à ce moment. Elle était emplie de larmes. Elle est pleine de cœur Emilie.

On prend des photos, on croise des gens. Les femmes sont jeunes, belles, voilées et avec des enfants.

Tous font des sourires et disent hello aux internationaux que nous sommes. On décide de rebrousser chemin et d’aller au check point à pied, nous ne connaissons pas le trajet du MUR.

On arrive à un endroit rempli de stèle. C’est un cimetière au pied du MUR. Même les morts sont enfermés.

Il est tard, nous prendrons des photos demain matin.

Nous allons boire un verre dans le centre de Bethléem, nous prenons un taxi. On passe devant l’Eglise de la Nativité. C’est fermé on ne pas entrer.

Emilien et Emilie connaissent une boutique de souvenirs où on sert du thé bédouin. Nous y allons. C’est une boutique où s ’emplissent des souvenirs musulmans, catholiques, orthodoxes, juifs la plupart en bois d’olivier, zeïtoun en arabe.

En fait de thé bédouin nous avons droit à un cognac arménien.

Le commerçant est philosophe, curieux, intelligent, espiègle.

Vient la question : « What are you doing ?

_ I’m choregrapher, dancer.

_ What kind of dance ?

_ Contemporary dance

_ …

_Modern’dance in the street.

_ do you think people understand what you do ?

_ It’s not question of understanding, that’s not the point. It’s just question of feeling.

_ If people don’t understand why are you doing that ?

_ It’s just body language between humans; Just a little poetry in a street corner.

_ You are right. People have forget problems and enjoy life”.

Nous allons manger chez lui. Il a une femme qui ne porte plus le voile et 5 enfants. Nous mangeons beaucoup. Le non n’existe pas pendant les repas palestiniens surtout au moment de resservir les assiettes.

Nous faisons la connaissance de sa fille de 16 ans. En fait, elle a 15 ans mais préfère dire qu’elle en a 16. Elle a envie de parler et effectivement elle parle beaucoup. 3h30 ; D’affilé.

Elle fait un témoignage, c’est beau.

Elle dit qu’elle n’aime pas sa vie ici et voudrait être créatrice de mode. Elle regarde beaucoup la télé de midi à 20h. Particulièrement, MTV et sweet 16. Elle aime Beyoncé et Rihanna et Justin Timberlake.

Elle préfère parler anglais plutôt que français. Elle est en opposition à ses parents.

Finalement, elle ressemble à beaucoup d’adolescente de 16 ans. Excepté le fait que j’en connais peu capable de parler 3h30 sans s’arrêter.

Lisie Philip


Aucun commentaire: