Farines


Hier nous avons discuté (en français) avec un palestinien il s’appelle Abed. Il est directeur d’un théâtre à Aïda Camp à côté de Beit Lehem., tout près du cheick point. Ce « Camp » a été créé en 48 lors de la « Nakba ».


Chacun sa « catastrophe » la Shoa pour les Juifs, la Nakba pour les Palestiniens.


Ici a été regroupés en 48, une partie des personnes chassées par les Israéliens à la création de leur nouvel Etat.


On trouve dans les rues d’Aïda Camp, sur des murs, des fresques des villages détruits. Des « We will return » un peu partout.

Ce lieu est entouré d’un mur bien réel de 12 mètres de haut qui serpente. On dirait un monstre endormi.

C’est à cet endroit que devait être accueilli le Pape. Un théâtre en plein air a été construit ici, au pied du mur. On y lit un « Pope welcome in Palestine ».


Le Pape n’est jamais venu. Il a cédé à la pression. Ici montrer les horreurs faites par l’Etat Israélien est assimilé à de l’antisémitisme. Un coup de projecteur médiatique sur ce lieu : Non. ! Israël n’est pas d’accord.

Je trouve qu’Israël joue avec de biens sinistres cordes.

Etre contre Israël n’est pas de l’antisémitisme, NON !


Abed nous raconte l’histoire des Juifs Palestiniens (ils vivaient ici depuis des lustres, bien avant la Nakba) partis en 48/49. Ils étaient farouchement contre la création d’un Etat Israélien. Ils se sont exilés aux 4 coins du monde en laissant leurs terres au Palestiniens musulmans et pas aux Israéliens. « Très antisémites ces juifs … »


Abed ne veut pas travailler avec des Israéliens. « Ici » ils contrôlent tout. Il veut être libre.

Il est isolé, il ne veut pas entrer dans le jeu des différents partis politiques Palestiniens. Il est indépendant, il est courageux, il le paye. C’est universel ça.


Il résiste avec l’art.


- Dans son centre on trouve une salle informatique bien équipée. Chaque PC est équipé d’un onduleur (batterie autonome) les coupures de courant sont fréquentes.

- Une salle multimédia et vidéo.

- Une salle de musique équipée de nombreux instruments.

- Une bibliothèque, l’odeur des livres est la même partout.

- Une ludothèque pour les petits.

- Un espace réservé aux femmes avec salle de gym.

- Des expos photos, faites par les participants aux ateliers.

- ….


Ce lieu ressemble à une MJC française.


Il accueille régulièrement des internationaux.

Le centre a des difficultés. Les financements baissent, l’avenir est incertain.


Ca ressemble vraiment à une MJC …

On va sûrement travailler avec lui.


Il faut trouver des financements français pour organiser des ateliers avec des enfants. Pour organiser une rencontre avec des artistes locaux et des financements pour le projet de chapiteau. Les populations sont bloquées par le mur, alors une des solutions proposée par Sîn est de faire une scène ambulante pour déplacer la culture.

Pour aider à conserver du lien entre les Palestiniens.


Lundi on va à Tel Aviv. On dormira chez un copain Israélien. Mardi c’est le retour vers la France.


On va enregistrer le témoignage d’Omer. Il a été victime du conflit, mais du côté Israélien.


On va aussi rencontrer Jonathan pour parler un peu de tout. Normalement on dort chez lui lundi soir.

Avec tout ce que je suis en train d’écrire il ne va pas nous héberger …


Ce mur en béton pourrit la vie des Palestiniens. Mais un jour il tombera, bien avant tous les murs-humains-symboliques.


Un humain-idiot-mur est en train de se construire. Des bateaux sont affrétés pour la bande de Gaza. Les Israéliens veulent les bloquer, les Iraniens veulent les protéger. Un beau merdier est en train de se préparer dans « ma mer », la Méditerranée.


Les Turques se fâchent, les Iraniens sortent les dents, les Israéliens sortent les griffes. L’Onu proteste. Les Européens crient « au scandale », les Américains hésitent, les chinois vendent leurs produits pas chers, les arabes vendent leur pétrole de merde au Européens, Américains, Chinois.


Et pendant ce temps les Palestiniens crèvent, disparaissent, on les oublie !


Plus on s’agite, plus on les oublie.


C’est pas des pauvres, il n’ont pas besoin de notre secours, de notre ciment, de nos médicaments. Tout ça c’est des prétextes de « biens pensants ». Si on leur laisse la paix ils se débrouillent très bien.


Les Israéliens et les Palestiniens sont condamnés à s’entendre. Ou plutôt les juifs, les musulmans, les chrétiens, les athées, les laïcs …


Le mal est fait, si on chasse les Palestiniens où iront-ils, si on chasse les Israéliens, même question, ils n’ont plus de terre.


De mon point de vue il y a deux options : la réconciliation ou le bain se sang.


Les bateaux, c’est le choix de la radicalisation, du bain de sang.

La reprise des colonisations juives en Palestine dès septembre 2010, c’est le même choix, celui du bain de sang.


Aujourd’hui, j’ai montré à Naheel (la femme qui nous accueille), comment faire du pain français. Elle a du monter ses manches pour pétrir le pain. Ce n’est pas un acte banal pour une Musulmane. Hier soir on a mangé chez elle, c’était très bon.


Tout ça se fait en douceur, avec respect et écoute.


C’est pas si compliqué.

Mais comme ça n’a pas suffit, demain on fait des crêpes ensemble !


Photo et texte : Olivier Baudoin

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